Le fou

Une nouvelle de : Brahim Darghouthi
Traduit de l’Arabe par / Essia Skhiri

Très tôt, avant le lever de soleil, il se réveille. Il secoue les restes de son sommeil puis il se dirige vers la fontaine publique redressée devant chez lui. Il contemple un instant les ustensiles alignés sur le long de presque cent mètres devant la fontaine puis il dépasse les grands seaux et les petits et il s’arrête avec sa grande taille et sa barbe touffue à la tête de la file. Comme de leur habitude chaque matin tous les gens lui renoncent à leurs tours. Les filles s’enfuient dans tous les sens et les femmes se cachent derrière leur embarras. Les hommes citent des versets coraniques et ils maudissent Satan le damné. Et l’homme crache à gauche et à droite puis il ôte sa chemise et son pantalon ne laissant sur son corps qu’une culotte qui couvre son dessous. Et le voilà commençant les rites de sa toilette matinale. Il prend les ustensiles qui lui sont proches et il les remplit. Avec sa main droite, il lève haut le seau et le verse sur sa tête. L’eau immerge tout son corps et elle coule sur ses épaules, sa poitrine, ses fesses et ses pieds. Il tend sa main gauche et il frotte son visage, son ventre et entre ses cuisses puis il quitte les lieux.
C’est son habitude et lors de toutes les saisons. Rien ne l’effraie, ni l âpre froid de l’hiver ni le les violents souffles des vents glacials.
Après cette toilette, il retourne chez lui. Il s’habille et il prend son petit déjeuner puis il se dirige vers la compagnie de phosphate de Gafsa. Il hâte ses pas pour ne pas arriver au travail en retard. Il arrive toujours avant tout le monde et il s’arrête haletant devant le grand portail. Il l’ouvre aux voitures des ingénieurs et des employés, aux bicyclettes des ouvriers et aux visiteurs.
Le voilà positionné devant la grande porte le long de toutes ses heures ouvrables. Les chefs et les patrons passent devant lui et il les salue en inclinant la tête. Les ouvriers s’arrêtent en le voyant et il leur demande de leurs nouvelles et de celles de leurs enfants et de leurs amis. Il s’informe sur ceux qui ont réussi leurs examens et ceux de la haute société dont le bulletin des informations a annoncé le décès. Et ils leurs demande quand est ce que les arabes vont faire la guerre. Et il les interroge sur les voisins qui ont émigré vers d’autres villes après les rigueurs des détresses et des embarras qu’ils avaient vécus dans cette mine ou le grondement des machines leurs avait arraché leurs subsistances vitales et pour laquelle ils n’ont trouvé aucune solution. Ils avaient tout abandonné pour aller chercher autre part la clémence de Dieu et son étendue grâce. Il les interroge sur le prix de la viande sur les filles de joie et sur les hommes qui s’étaient éteints sous les décombres… Un klaxon d une voiture s’élève et l’avertit alors il se précipite vers le portail et il l’ouvre à deux battants devant la voiture du directeur. Il se tient debout tel un gamin. La voiture le côtoie et il salue poliment le directeur qui lui sourit… il referme le portail tout en suivant le directeur avec son regard jusqu’à ce que les halls l’ingurgitent. Et alors, il retourne à sa chaise. Il se dépoussière du reste d’un autre temps et il s’assoit tout en se tenant la tête entre les mains.

* * * * *

Tous les employés de la compagnie sont au courant de l’histoire de cet homme, qui au début des années soixante, avait abandonné une charrue que les ânes et les mulets traînaient dans les plaines de Béja et qui était venu à cette mine. Lors de ces années lointaines la compagnie de phosphate avait fort besoin d’un grand nombre de main-d’œuvre et elle avait envoyé des représentants pour lui chercher des ouvriers dans tous les coins du pays. Une mystérieuse bête en fer que le borgne imposteur conduisait était parvenue à leur déchera. Le conducteur de la bête était descendu dans le souk du village et son servant l’avait poursuivi.
L’imposteur avait parlé et son compagnon avait répété ses promesses d’offrir un paradis à tous ceux qui prendraient la bête ferreuse pour joindre la mine. Il avait promis aux hommes qui s’étaient regroupés autour du bus des rivières de miel et du lait, un délice pour leurs buveurs. Et il leur avait promis un vin qu’ils allaient boire dans des coupes d’or. Il leur avait promis des billets d’argent que le vent allait parsemer par ici et par là. Ils leurs avait promis aussi des pommes qui dans leurs mains se métamorphoseraient en oréades dans l’économat de la compagnie. Et il leur avait promis la distraction, le confort, la faveur et la bienveillance. Ils avaient surgi de toutes les élévations et de toutes les directions et ils s’étaient alignés devant sa bête ferreuse.
Le borgne avait sélectionné le jeune bien robuste et vigoureux et l’adulte vaillant puis il avait promis aux autres de leur réaliser le bonheur dans sa prochaine visite.
Le moteur de l’autobus grondait et les champs verdoyants fuyaient les regards des ambitieux avides de plus en plus et ils disparaissaient et des étendues des steppes arides et de sombres et hautes montagnes avaient apparu.
Oh mon Dieu ! Comme elle était troublante et décevante sa surprise quand il était descendu de l’autobus.
Il avait cherché le paradis promis et il ne l’avait trouvé et il avait appelé Radhwane et rien que les échos dans les vallées très profondes ne lui avaient répondu et les appels s’étaient répétés ainsi que leurs échos.
Et pas d’entendant et point de répondant.
Il s’était promené dans cette nouvelle terre et il s’était heurté à des ruelles poussiéreuses qu’il connaissait dans son village abandonné et il avait aperçu des enfants déchaussés qu’il avait laissés la veille derrière son dos. Quand la nuit était parvenue, on l’avait joint dans un abri collectif à des hommes qu’il n’avait jamais connus et dont des bouches se dégageait une odeur aigre du vin et qui ne cessaient de jargonner et de crier des expressions vulgaires et obscènes. Ils ronflaient et ils pleuraient et ils se lamentaient. Ils soupiraient et ils se taquinaient le long de la nuit. Et les lieux ne se calmaient que vers le point du jour . Et il s’était dit qu’il fallait qu’il retournât à sa charrue mais il avait peur de retourner bredouille.
Il était effrayé de voir les hommes se moquer de sa déception
Et les femmes fuir sa jeunesse indigente…
Lui qui était promis
Au henné gazouillant dans les paumes des belles gracieuses de sa région…
Au khôl rayonnant dans leurs yeux …
Au tambour, au tambourin et à la flûte…
Aux danses des cavaliers à dos de leurs chevaux de pure race…
Et aux cris d’allégresse et aux chants jaillissants des bouches de bienaimés…
Et sans peur, il s’était donné à l’aventure.
Il s’était dit : » les hommes meurent une seule fois et je vais m’habituer à l’obscurité des mines tout à fait comme s’étaient habitués les hommes de la montagne… La vie est un instant très court quoiqu’elle soit longue et jamais je n’omettrai mon honneur.
Et il s’était attelé au travail. Il s’y était appliqué avec persévérance. Il tendait ses mains pour remplir les wagons avec du phosphate ainsi que son épuisement. Et la sueur lui avait coulé sur le front et lui était parvenu même à la gorge et il avait senti son gout salé qu’il avait apprécié et qu’il avait et auquel il s’était donné. Il s’était attaché à la compagnie des camarades de la mort quotidienne et au pénible travail sur cette terre horrifiante.

* * * * *

Et depuis ces jours tu transportais quotidiennement sur ton dos des millions de tonnes de roches qui étaient prêtes à t’écraser à tout moment sous son poids épouvantable. Et tu combattais dans le cœur de la montagne avec une pioche et une pelle et la lumière d’une torche primitive.
A chaque lever du soleil, tu pénétrais dans la caverne d’Ali Baba après avoir invoqué tes reconnaissances devant l’entrée de la mine :
_ Je témoigne que tu es l’unique Dieu de tous les dieux et nul autre que toi ne l’est et je reconnais que Mohamed est ton honnête et fidèle prophète. Je reconnais que j’aspire à votre clémence alors préserve moi de tout malheur mon Dieu ! Le puissant ! Le capable et le clément !
Et tu pénétrais dans l’inconnu !
Tu ne savais pas quand est ce que les brigands allaient arriver pour cueillir ton âme et semer la catastrophe dans ton corps qui allaient se ruiner de plus en plus. Ton sang se brulait dans tes veines à chaque fois qu’une explosion dans un coin de la mine arrivait à ton ouïe et les explosions se succédaient dans ta cervelle alors que l’averse des roches et de la poussière se calmait.
Les chevaux des voleurs hennirent devant la caverne et tu te retournas à gauche et à droite cherchant les trésors. Et tu essayas de fuir mais tes pieds s’enfonçaient dans la boue ensevelie dans le fond de la montagne depuis des millions d’années. Et les dents de la montagne s’enfonçaient dans ta chaire. Des dents de gigantesques poissons qui avaient résisté toutes ces époques et elles ne s’étaient pas usées. Et ces dents te conduisirent à d’autres nombreuses merveilles : des fossiles des tortues, des dauphins à qui il ne manquait que l’âme pour qu’ils aient lancé envers toi leurs tendres cris gazouillants et des branches d’arbres et des coquillages et des chansons des oréades et des murmures des vagues et des cris des marins.
Et tu persistais à chercher l’or d’El Moïzze et les trésors des romains, des berbères, des cheikhs des tribus qui étaient passés par là et d’Aksil le berbère et des troupes d’El Kahina, de Dhiab Elhilali et de Khalifa Ezzanati. Et tu demeurais cherchant à l’intérieur de cette mystérieuse caverne… Et ton cœur sursautait à chaque piqûre d’une dent. Et tu frissonnais à chaque explosion…tu ne cessais de te rappeler Jilani que tu avais dégagé de sous le déblai alors que le sang coulait de son nez et de sa bouche. Et tu te souvenais sans cesse aussi de Hmayyed dont tu avais ramassé la cervelle dans une théière et d’El Fatih dont les os s’étaient écrasés sous une roche sous laquelle vous aviez creusé une journée et une nuit.
Et tu te rappelles …
Et tu te rappelles…
Et tu te rappelles…
Et tu persistais à ne pas retourner chez les tiens avant de remplir ta valise de robes de mariage, de remplir tes poches du prix du taureau que tu allais doter à la bien aimée et tes jarres avec du blé. Tu voulais remplir les yeux d’Aïcha avec de l’or et de plusieurs autres précieux cadeaux.

* * * * *
Aïcha ! Ô Aïcha !
Aïcha le jour où tu l’avais emmenée de Béja, une nouvelle mariée qui se pavanait avec ses garnitures, douce telle du miel, un délice pour ceux qui le déguste.
Tu l’avais logée dans notre citée et tous les jeunes l’avaient adorée et le borgne l’imposteur avait réussi à l’avoir pour lui. Le fallacieux t’avais trompé. Il t’avait rendu avide des promotions et il avait augmenté ton salaire. Il t’avait nommé responsable mais il avait fait que tu travaillais continuellement au poste de la nuit. Et il s’était trouvé tout libre alors il avait fait aspirer à Aïcha ce qu’elle ne connaissait point et il lui avait demandé de lui donner les clés de son corps et ses secrets mais elle s’était opposée à ses avances et elle l’avait détesté jusqu’à la haine au début. Et il l’avait menacée de ce qu’elle n’avait jamais discerné et de ce qu’elle ne pouvait jamais percevoir. Elle t’avait interrogé à maintes reprises sur ce qu’est la mort et tu lui avais répondu que c’était lui qui t’accueillait chaque fois que tu pénétrais dans le fond de la mine… Et elle avait été horrifiée de voir les bandits de la caverne d’Ali Baba cueillir ton âme quand le borgne l’imposteur n’avait pas cessé de la convaincre qu’il pouvait t’avoir sans aucune peine et que les cartouches des quarante voleurs étaient dans son havresac et sa nuit était devenue pour lui alors que son jour devenait le tien.
Ainsi les garçons et les filles étaient arrivés et le bonheur, le bien être, la grâce, la faveur et la richesse abondante. Et la viande ne manquait plus jamais à tous les repas et la grande demeure avait été bâtie. Et Aïcha s’ornait de précieux colliers en or et elle se vêtait de plus belles robes et tu étais insouciant et tu étais ignorant de ce qui se passait autour de toi et tu étais inattentif au poignard enfoncé dans ton dos jusqu’au jour ou un querelleur t’avais déshonoré.
Il t’avait froidement lancé dans le visage : « Moi je suis un homme ! Et je mourrai tout en l’étant ! Mais toi vas t’informer en dehors de la mine des cuisses d’Aïcha ! » Et les hommes de ton poste de la nuit avaient éclaté de rires fous jusqu’à ce qu’ils s’étaient renversés sur les dos. Et toi tu considérais la scène stupéfait sans rien comprendre. Et leurs rires hurlants se multipliaient et ta stupeur augmentait jusqu’à ce que la voix du querelleur secoua ton ouïe une autre fois :
_ Tout court et en arabe, tu es un maquereau ! Tu es un maquereau et tu tires profit de la chaire de ta femme et de ton honneur !
Et les fous rires s’étaient de nouveau élevés. Et tu avais vu tout le monde te désigner. Des millions des doigts te faisaient signe. Des doigts qui t’inculpaient. Des doigts qui incriminaient ta complicité du borgne l’imposteur, ta sollicitation et ton silence sur tout ce qui se passait sous le toit de la villa entourée de jasmin et de chiens de garde.
Et tu étais retourné chez toi. Tout ébranlé, tu étais rentré chez toi, percé de milliers de perforations, et dans ta cervelle s’embrasaient tous les feux de l’enfer.
Tu étais retourné sans rendez-vous et les gardiens t’avaient défendu de pénétrer dans la cité et ils avaient déclenché les signaux d’alarme. Tu étais violemment jeté sur eux tel un animal sauvage. Tu les avais frappés des mains. Tu leur avais donné des coups de pieds et de tête. Et les gardiens avaient lutté contre toi férocement et ton grand tumulte et ton affolement avaient augmenté. Et ta voix brisée et blessée avait jailli :
_ Laissez moi passer les voyous ! Comment pouvez-vous m’empêcher de voir ma femme fils de chiens ?
Et tu t’étais échappé et tu avais surpassé le blocus et tu t’étais trouvé à l’intérieur de la maison. Tu avais réveillé les enfants et tu avais commencé à examiner leurs visages.
Le nez de celui-ci est ressemble au nez du maître de la bête !
Et les yeux de celle-ci ont la même couleur des yeux du maître de la bête !
Le teint de celui-là est celui de l’homme de la bête !
Et la chevelure de ce dernier est tout à fait comme celle du maître de la bête !
Et tu avais commencé à hurler. Et les lampes des maisons voisines s’étaient allumées. Et un grand monde s’était rassemblé devant chez toi. Et Aïcha apparut légère telle une plume d’autruche, souple et agile comme une brindille d’un osier, douce agréable et gracieuse comme une brise matinale.
Elle avait impitoyablement et froidement dit :
_ Mon mari est devenu fou ! Auriez vous la gentillesse de lui demander une ambulance ?
Et ton hurlement avait augmenté et il était devenu plus aigu et tu avais couru après elle.
Puis tu t’étais arrêté assiégé par les gardiens. Et tu avais commencé à rire et tes rires rigoureux allaient jusqu’aux bouts.
Et tes yeux s’étaient écarquillés.
Puis inconscient, tu étais tombé par terre.

* * * * *
Les coups de klaxon de la voiture se multiplient. Le gardien est allé ouvrir le portail. Il pousse les volets à droite puis à gauche. Le moteur de la voiture du directeur bourdonne.
Tout à coup, Naji surgit tout enragé. Il hurle furieusement :
_ Qui t’a ordonné d’ouvrir la porte sale de chien ! Il n’ya personne autre que moi qui ne peut donner les ordres et qui n’a droit à interdire ici ! C’est moi qui ouvre les portes et c’est moi seul qui les ferme !
Moi … Moi… Moi…
Et un grand éclat s’est élevé dans le visage du directeur.
Un éclat assourdissant les oreilles…

Brahim Darghouthi :
Romancier, nouvelliste, traducteur et poète de la Tunisie



هذه ترجمة لقصة : المجنون لابراهيم درغوثي / تونس
من مجموعة قصصية معدة للنشر تحمل عنوان : منازل الكلام



المجنــــــــون

قصة قصيرة
ابراهيم درغوثي / تونس

باكرا، قبل طلوع الشّمس ينهض من فراشه. ينفض عنه بقايا النّّوم ويقصد الحنفيّة العموميّة المنتصبة أمام المنزل. يتأمّل برهة الأواني المصفوفة على طول مائة متر أمام الحنفيّة ثمّ يتخطّى السّطول الكبيرة والصّغيرة ويقف بطوله الفارع ولحيته الكثّة في رأس الطّابور. يتخلّى له الجميع كعادتهم كلّ صباح عن المكان. البنات يهربن في كلّ الاتجاهات. والنّساء يتوارين وراء خجلهنّ.والرّجال يبسملون ويحوقلون ويلعنون الشيطان الرّجيم. والرّجل يتفل ذات اليمين وذات الشّمال ثمّ ينـزع قميصه وسرواله الطّويل ولا يبقي إلاّ على تبّان يغطّي سوْأته ويبدأ في طقوس الغسْل الصّباحي. يتناول الأواني القريبة فيملأها ماء. ويرفع السّطل عاليا بيده اليمنى. ويسكب الماء على أمّ رأسه .


فيغمر كامل بدنه. يتصبّب على كتفيْه وصدره وإليتيْه ورجْليه. فيمدّ يده اليسْرى يفرك بها وجهه وبطنه وما بين فخذيْه ثمّ يغادر المكان.
هكذا حاله في كلّ الفصول. لا يرهبه برد الشّتاء ولا يزعزعه عصف الرّياح الثلجيّة.
بعد هذا الغسْل يدخل داره. فليبس ثيابه. ويفطر. ويقصد إدارة شركة فسفاط قفصة. يمشي مسرعا يحثّ الخطى حتّى لا يفوته وقت الدّوام، فيصل دائما قبل الجميع. يقف لاهثا أمام البوّابة الكبيرة. يفتح الباب لسيّارات المهندسين والموظّفين ودرّاجات العملة والزّوار .
ويُرابط أمام البوّابة كامل وقت الدّوام .
يمرّ من أمامه المدراء فيحيّيهم بإنحناءات من رأسه . ويقف أمامه العملة فيسألهم عن أحوالهم وعن أخبار الأولاد والأصدقاء.يسأل عمّن نجح في امتحاناته، وعمّن مات في نشرات الأخبار. ويسأل عن العرب متى يحاربون؟ وعن الجيران الّذين هاجروا إلى مدن أخرى بعد أن ضاقت بهم الحِيلَ في هذا المنجم الّذي افتكّ هدير الآلات لقمة العيش من أفواه أبنائه فهجّ الجميع إلى رحمة اللّه الواسعة.يسأل عن ثمن اللّحم، وعن بنات الهوى، وعن الرّجال الّذين ماتوا تحت الرّدْم وعن... ويرتفـع "زمّور" سيّارة فيندفع إلى البوّابة يفتح بابها على مصراعيْه أمـام سيّارة المدير. ويقف مهذّبا كالطّفل الصّغير. وتجانبه السيّارة فيبتسم له المدير ويسلّم عليه بأدب. فيغلق البوّابة ويظلّ يتابعه بنظاراته إلى أن تبتلعه الرّدهات. حينها يعود إلى كرسيّه. ينفض عنه غبار زمن آخر. ويجلس حاملا رأسه بين يديْه.
* * *
كلّ من في الإدارة يعرف حكاية هذا الرّجل الذّي ترك في بداية الستّينات محراثا تجرّه الحمير والبغال في سهول باجة وجاء إلى هذا المنجم. في تلك الأعوام عَظُمت حاجة الشّركة إلى العمّال فبعثت متعهّدين يبحثون لها عن الرّجال في طول الأرض وعرضها.ووصلت دابة من حديد إلى دشرتهم. دابة يقودهــا "الأعور الدّجال". نزل صاحب الدّابة في سوق البلدة ونزل وراءه تابعه.
تكلّم الدّجال. وكرّر وراءه صاحبه الوعود بالجنّة لمن يركب دابّة الحديد.
وَعَدَ الرّجال الذّين تحلّقوا حول الحافلة بأنهار من العسل واللّبن لذّة للشّاربين.
ووعدهم بالخمرة يُسْقَوْنَهَا في كؤوس من عسجد.
وبالدّنانير تذروها الرّياح.
ووعدهم بالتّفاح يتحوّل بين أيديهم إلى حوريات في مقتصديّة الشّركة. وبالمنّ والسلوى. فجرى وراءه النّاس. خرجوا من كلّ حدب وصوْب واصطفّوا أمام دابّته.

اختار «صاحبُ الدّابه» الشابَّ القويّ والكهلَ الجسور ووعد البقيّة بالخيرْ والعافية في رحلة قادمة.
وزمجر محرّك الحافلة ففرّت الحقول من وجوه الطّامعين لتنكشف أمامهم السّهوب الجرداء والجبال الكالحة .
يا اللّه! يوم نزل من بطن الحافلة أربكته المفاجأة.
بحث عن الجنّة فلم يجدها. ونادى"رضوان" فجاوبته الأصداء في الوديان السّحيقة. وتكرّر النّداء. وتكرّرت الأصداء .
ولا مجيب .
وتجوّل في القرية فرأى أزقّة متربة يعرفها في بلدتهم.وشاهد أطفالا حفاة تركهم وراء ظهره
وجاء المساء فحُشر في ملجأ جماعي مع رجال لا يعرفهم. تفوح من أفواههم روائح الخمرة ويرطنون بكلام بذيء. ويشخرون ويبكون ويتأوّهون ويتعاتبون كامل اللّيل. ولا يهدأ الملجأ إلاّ عند انبلاج الفجر.
وحدّثته نفسه بالعودة إلى محراثه لكنّه خاف أن يعود خائبا .
خاف أن يضحك منه الرّجال. وتهرب النّساء من شبابه.
هو الموعود بالحنّاء في أكفّ الجميلات .
وبالكحل في عيون الصّبايا.
وبالطّار والدّّف والطّبل والمزمار .
وبرقص الفرسان على صهوات الخيْل .
وبالزّغاريد والغناء من حناجر الأحبّة .
فدخل المغامرة بلا وجل .
قال: الرّجال يموتون مرّة واحدة. وظلام الدّواميس سأعتاده كما اعتاده غيري من رجال الجبل . والعمر مرّة . ولن أفرّط في كرامتي .
ومدّ ساعديْه يملأ العربات بالفسفاط والتّعب. فسال العرق على جبينه ودخل حلقه. وأحسّ بطعمه المالح فلذّ له هذا الطّعم. لذّ له ذلك فأدمنه. وأدمن صحبة أصدقاء الموت اليومي والعمل الشّاق في هذا المكان الرّهيب.
***
وصِرْتَ يا صاحبي تحمل على ظهرك كلّ يوم ملايين الأطنان من الصّخور المتحفّزة لدهسك تحت ثقلها. وأنت تحارب في قلب الجبل بفأس ومجرفة وضوْء فانوس بدائيّ.
تدخل كلّ يوم مغارة "علي بابا" تذكر شهاداتك أمام الباب:
- أشهد أنّك وحدك ربّ الأرباب وأشهد أنّ محمدا عبدك الأمين .وأشهد أنّني طامع في رحمتك فاحمني من كلّ مكروه يا اللّه! يا قادر! يا رحيم!
وتلج المجهول!
لاتدري متى يصل اللّصوص لقطف روحك وزرع الخراب في بدنك. يحترق الدّم في عروقك كلّما هزّ انفجار ركن من أركان المنجم. تتوالى الانفجارات داخل دماغك بعد أن يهدأ تهاطـل.
الصّخور والتّراب. وتحمحم خيول اللّصوص أمام المغارة فتلتفت يمنة ويسرة تبحث عن الكنوز. وتحاول الهرب لكن رجْليْك تغوصان في التّراب المدفون في باطن هذا الجبل منذ ملايين السّنين. وتنغرز في لحمك أسنان الجبل. أسنان حيتان ضخمة صمدت كلّ هذه الدّهور ولم تتهرّأ. وتقودك هذه الأسنان إلى عجائب كثيرة أخرى: سلاحف متحجّرة، ودلافين لا تنقصها إلاّ الرّوح لتطْلِق في وجهك بسْبستها الحنونة، وجذوع أشجار وأصداف بحريّة وغناء حوريات وهسيس أمواج وصراخ بحّارة .
وتظلّ تبحث عن ذهب المعزّ وكنوز الرومان والبربر وشيوخ العشائر الذّين مرّوا من هنا "وأكسيل" البربري، وجيش الكاهنة وذياب الهلالي وخليفة الزّناتي. وتظلّ تبحث داخل هذه المغارة العجيبة. ويدقّ قلبك لكلّ وخزة سنّ. وترتجف لكلّ انفجار. تذكر"الجيلاني" الذّي أخرجته من تحت الرّدم والدّم يسيل من أنفه وفمه. وتذكر"حميّد" الذّي جمعت مخّه في برّاد الشّاي. وتذكر"الفاتح" الذّي تهشّمت عظامه تحت صخرة ظللتم تحفرون تحتها يوما وليلة.
وتذكر...
وتذكر...
وتذكر...

وأنت ترفض أن تعود إلى الأهل قبل أن تملأ حقيبتك بفساتين العرس. وتملأ جيبك بثمن الثّور. وتملأ غرائرك بالقمح.وتملأ عيْني"عائشة" بالذّهب وبلطائف كثيرة أخرى.

* * *
عائشة! يا عائشة!
"عائشة" ! أذكرها يوم جئت بها من"باجة" عروسا ترفل في زينتها، شهيّة كالعسل البرّي.
أسكنتها في حيّنا فعشقها كلّ شباب الحي. وفاز بها "الأعور الدجّال". غرّر بك "صاحب الدّابه" أطمعك بالترقيات وزاد في راتبك. وبوّأك المسؤوليّة على رفاقك ولكنّه جعلك تعمل في ورديّة اللّيل. فخلاَ لَهُ الجوّ. أطمع "عائشة" بما ليس لها به علم وسألها مفاتيح جسدها.لكنّها امتنعت ونفرت منه أوّل الأمر. وهدّدها بما ليس لها به علم . فسألتك عن الموت. فقلت لها إنّه يستقبلك كلّ يوم داخل الدّواميس. وخافت أن يقطف لصوص مغارة "علي بابا" روحك عندما هدّدها"الدّجال" بأنّه قــادر عليك، وبأنّ خراطيش "الأربعين حرامي" في مِخْلاَتِهِ. فصار يومها لك وليلها له.
وجاء الأولاد والبنات، والخير العميم، والدّار الكبيرة، واللّحم في الغداء والعشاء. وازدانت"عائشة" بعقود الذّهب. ولبسـت أحْلا الفساتين وأنت غافل عن الدنيا وما فيها إلى أن عيّرك خصيم.
قال لك: «سأعيش رجلا! وأموت رجلا! أمّا أنت فاسأل خارج الدّاموس عن فخذي "عائشة".»
وضحك رجال ورديّة اللّيل العاملين معك حتّى استلقوا على ظهورهم. وأنت تراقب المشهد وتعجب من ضحكهم. ويزداد ضحكهم فيزداد عجبك إلى أن هزّ سمعك صوت الخصيم مرّة أخرى:
- بالْعرْبيّةْ أنت ديّوث! أنت"طحّان"يا سي النّاجي!
وارتفعت القهقهات من جديد. فرأيت العالم يشير إليك بملايين الأصابع.أصابع تدينك. تدين تواطؤك مع "الأعور الدّجال". تدين صمتك المريب عمّا يجري تحت سقف"الفيلا" الجديدة في الحيّ المسيّج بالفلّ والياسمين والكلاب والعسس.
وعدت إلى دارك. عدت مهزوزا، مثقوبا بآلاف الطّلقات، تشتعل في دماغك نيران الجحيم.
عدت إلى دارك على غير ميعاد فمنعك العسس من دخول الحيّ. وأطلقوا صفّارات الإنذار. فارتميت عليهم بعنف الحيوان البدائي. ضربتهم بيديك وبرجليك وبرأسك. وتكالب عليك العسس فازداد هياجك وجنونك. وخرج صوتك مكلوما:
- أتركوني أذهب إلى داري أيّها الأوباش! كيف تمنعون عنّي زوجتي يا أولاد الكلب ؟
وانفلتّ. وتخطّيت الحصار. ووجدت نفسك داخل البيت. فأيقظت الصّغار ورحت تتفرّس في وجوههم.
أنف هذا شبيه بأنف"صاحب الدّابة" !
وعينا هذه كَلَوْنِ عيْنيْ "صاحب الدّابة" !
ولون هذا كَلَوْنِ "صاحب الدّابة" !
وشعر هذا كَشَعْرِ "صاحب الدّابة" !
وبدأت بالصّراخ. فاشتعلت فوانيس المنازل المجاورة لدارك. وتجمّع خلق كثير أمام بابك. وهلّت"عائشة" على الجمع خفيفة كريش النّعام، رشيقة كغصن البان، لطيفة كهبّة النّسيم.
قالت:
- لقد جُنّ زوجي! أطلبوا له سيّارة الإسعاف!
وازداد صراخك حدّة وأنت تجري وراءها.
ثمّ وقفت مسيّجا بالعسس. وبدأت تقهقه قهقهة عنيفة.
وجحظت عيناك.
ووقعت على الأرض.
* * *
ارتفع "زمّور" سيّارة، فوقف حارس الإدارة وذهب يفتح البوّابة. دفع الدّفّتين ذات اليمين وذات الشّمال وأزّ محرّك سيّارة المدير.
فجأة وقف "النّاجي" هائجا وهو يصيح:
- من أمرك بفتح الباب يا كلب! أنا صاحب الأمر والنّهي هنا! أنا من يفتح الأبواب ويغلقها!
أنـا...
وارتفعت في وجه المدير قهقهة عالية.
قهقهة تصمّ الآذان...

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